La mémoire de nos rues

Avant-propos

Qui ne s'est jamais interrogé en lisant le nom d'une rue où l'on doit se rendre ou en notant l'adresse d'une connaissance ?
"Rue quoi ? Rue comment ? Qui est cet illustre inconnu ?"
Parfois nos rues, nos ruelles nous renseignent sur un lieu-dit, un cours d'eau voisin; parfois elles nous rappellent un végétal, un animal ou encore un métier disparu. Mais souvent, il est de bon aloi de baptiser les artères de nos villages du nom de personnalités qui ont marqué leur époque de leur vivant.

Seriez-vous capables de nous retracer la vie de ces personnes qui ont leur nom inscrit sur ces plaquettes apposées tantôt sur une façade, tantôt sur un simple piquet ? Pour nos ainés, cela ne posera certainement aucun problème, mais je connais des jeunes et des moins jeunes qui seraient bien embarrassés s'ils devaient nous parler de ces gens qui, pour certains, sont d'illustres inconnus.

Pour remédier à cela, je vous propose de parcourir les rues de Leval-Trahegnies et de Mont-Sainte-Aldegonde et de découvrir ceux ou celles qui se cachent derrière ces inscriptions.

[...]

Philippe Longfils

Mais qui donc était ...

Arsène SOURIS (1854 - 1919) ?

Il est né à Solre-sur-Sambre le 31 janvier 1854. Il est le fils d'un modeste ouvrier marbrier.
(...)
Il fut instituteur et aussi un musicien émérite ...

 

Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Avant-propos :

Certains lâcheront peut-être un "enfin !" en trouvant un article sur une rue ou plutôt une place de Mont-Sainte-Aldegonde. Ce n'est pas suite à un excès de "chauvinisme levallois", mais uniquement parce qu'il n'est pas aisé de retrouver des renseignements sur les personnalités qui rehaussent de leur nom une rue voire une place aldegondoise. Sont-elles moins connues ? J'en doute, car de Grivegnée à Morlanwelz en passant par Yvoz-Ramet et Châtelineau, plusieurs rues, places et même cités ont été baptisées du nom de Max Buset.

Mais qui donc était ...

Max Buset ?

Max Buset est né en 1896 dans notre belle région du Centre d'un père, contremaître dans l'industrie métallurgique et d'une mère se livrant à des travaux de couture pour faire face aux besoins matériels de la famille.

Chose qui était relativement rare au début du siècle passé, Max Buset put fréquenter et terminer l'école moyenne de La Louvière. Après cela, il s'imposa des études du soir à l'école industrielle et c'est comme dessinateur industriel aux établissements Goldsmith puis à la Franco-Belge de La Croyère qu'il commença sa vie professionnelle.

Homme très ambitieux, il ne se contenta pas de rester devant sa table à dessin, il prépara et réussit l'examen de fin d'humanité devant le jury central, puis s'inscrivit à l'Université libre de Bruxelles où, dans le minimum de temps, il conquit une licence en sciences économiques et sociales.

Pendant ses études, il est en contact avec le P.O.B. et celui-ci l'envoie passer une année à l'école supérieure du "Labour Party".(Parti travailliste anglais)

Revenu d'Angleterre, il est bien préparé pour assurer la fonction de secrétaire de la centrale d'éducation, ce qu'il assumera jusqu'en 1934.
En même temps qu'il développe les activités de la centrale d'éducation, où il fut un remarquable professeur, Max Buset s'occupe activement des émissions de radio socialiste. C'est ce qui explique peut-être le rôle qu'il joua plus tard à la B.B.C. à Londres.

Dès 1932, il est élu à la Chambre des députés où il représente l'arrondissement de Thuin. Les électeurs de cette région lui maintiendront leur confiance jusqu'à sa mort, c'est-à-dire pendant 27 ans.
Dès lors, il sera de tous les combats que le socialisme devra livrer.

[...]

Philippe Longfils

Max Buset

 


Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Avant-propos :

Avant la construction de la voie ferrée assurant la liaison Ecaussinnes - Erquelinnes, le territoire de Leval était traversé par la rue des Convers. Elle débutait au carrefour de l'actuelle rue Albert Ier et de la rue d'Haine et cheminait jusqu'à Saint-Vaast.
C'est l'établissement de la ligne de chemin de fer, avec halte sur le territoire de Leval, qui provoqua l'élimination du nom de rue des Convers au profit de celui de la rue de la Station. Par contre, de la gare à la chaussée Brunehault, le nom de rue des Convers fut remplacé par celui de rue de Saint-Vaast.
De nos jours, il subsiste toujours un chemin des converts sur le territoire de Péronnes-lez-Binche, celui-ci serpente à travers champs de la chaussée Brunehault (face à la rue Albert Ier) jusque Haine-Saint-Pierre au lieu-dit Garga où, macadamisé, il prend le nom de rue des Converses … avant d'achever définitivement sa route à la chaussée de Mons.

Mais qui donc étaient...
Les convers ?

Si vous compulsez le "Petit Larousse", vous apprendrez très vite que "convers" est en fait un adjectif tiré du latin conversum qui signifie converti.
En fait, il serait beaucoup plus correct de dire "frère convers".
Vous l'aurez certainement compris maintenant, il s'agit d'un religieux ; mais le dictionnaire vous annoncera qu'il était employé aux services domestiques d'un couvent en précisant : "par opposition aux religieux de chœur qui chantent à l'office". J'ai toujours affectionné les définitions du dictionnaire qui nous apportent plus de questions que j'en avais au départ !

Les convers étaient des religieux laïcs qui prononçaient des vœux monastiques mais dont la vie au sein de l'abbaye était plutôt orientée vers le travail manuel que vers la célébration de la liturgie. Le statut religieux des convers constitue l'originalité par rapport au système bénédictin où les paysans à qui incombaient la culture et l'élevage du domaine étaient des laïcs. Une fois les convers admis, ils ne devaient pas être traités comme des travailleurs salariés ou des citoyens de seconde classe, mais comme des frères religieux dont le mode de vie méritait le même respect que celui des moines. Les frères convers étaient pourtant différents par l'habit, l'origine sociale et le niveau d'instruction. Nous le verrons plus loin.

Les frères convers s'occupaient de tout ce qui avait trait à la gestion quotidienne des biens de l'abbaye : élevage des troupeaux de bétail, défrichement des terres et assèchement des marais, culture des champs, construction et réparation des bâtiments, achat et vente des produits sur les marchés locaux et parfois ils servaient de messagers et de domestiques.

[...]

Philippe Longfils

 

Un frère convers mène paître les moutons de l'abbaye.
Extrait de la Vie du bienheureux frère Simon, convers de l'abbaye d'Aulne. Abbaye et Béguinages de Belgique - Tome 4 - p 69. Collection Artis Historia -1978

Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Avant-propos :

Si d'aventure, il vous arrive de passer par le carrefour "les quatre saisons", vous pourrez apercevoir juste au dessus de la porte d'entrée du commerce qui fait l'angle de la rue Salvador Allende et la rue Clément Brédas, une plaquette commémorative où il est inscrit :

Mais qui donc était


Dernière enfant d'une famille de commerçants, Berthe Dubail est née à Leval-Trahegnies, le dix-neuf juin 1911.
Elle fit ses études primaires en tant que pensionnaire dans des établissements scolaires en Flandre et dans son Hainaut natal.

Une artiste née

Dès sa tendre enfance, Berthe ressent le besoin de dessiner et de peindre. C'est durant ses études secondaires, que se précise peu à peu la volonté d'entamer une carrière artistique.
Au Lycée Warocqué de Morlanwelz où, en 1930, elle suit des cours d'arts décoratifs, elle réalise des tentures et des coussins d'une belle invention, dans le style Art déco.
Comme souvent en pareil cas, ses parents, peu ouverts à l'art, mettent un obstacle à sa vocation. Aussi c'est en autodidacte et dans l'isolement qu'elle se documente et s'exerce aux premiers rudiments plastiques, espérant ainsi convaincre sa famille de la laisser s'engager dans le professorat de dessin.

Un parcours difficile

En 1936, à la suite de la rencontre sur la côte belge d'un peintre hollandais du nom de Théo Idserda, elle s'enthousiasme à peindre quelques marines. C'est aussi l'année où, pour se préparer aux examens du Jury Central, elle s'inscrit aux cours de dessin de l'Académie des Beaux-Arts de Mons.
Trois ans plus tard, elle remplace des professeurs mobilisés par les menaces allemandes dans des établissements de Virton et de Tamines. Ses intérims sont interrompus par les circonstances de la guerre qui rendront difficiles ses débuts d'enseignante.
A la déclaration de la guerre, elle fuit avec sa famille en France, où elle travaille quelques semaines dans une usine d'armements, puis enseigne aux Athénées de Binche et de Dour où elle fait la connaissance du peintre Arsène Detry avec qui elle sera très liée.
En 1942, débute son enseignement au Lycée de Mons. Ayant eu des contacts plus directs avec les milieux artistiques, elle décide alors de poursuivre simultanément de véritables études de peinture à l'Académie des

Beaux-Arts de Mons, dont la réputation n'était plus à faire depuis que le peintre Louis Buisseret y était à la fois directeur et professeur.

De l'animisme à l'abstrait

Si, par le traitement des sujets et le choix d'une palette feutrée, les premières toiles de Berthe Dubail s'accordent au climat animiste qui prévaut un peu partout en Belgique durant les années 30 et pendant la guerre, sa peinture adoptera un ton expressionniste dès 1945. C'est également cette année-là qu'elle participera pour la première fois à des expositions collectives.

[...]

Philippe Longfils

Berthe Dubail

 


Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Avant-propos :

Un soir, en revenant du boulot, je suis interpellé par un ouvrier d'une société de distribution d'électricité au volant de sa camionnette. Notre malheureux personnage arpentait depuis plus d'une heure les rues de Leval à la recherche de la rue du "Youne" (sic). J'ai dû fournir un effort surhumain pour ne pas éclater de rire : notre infortuné travailleur devait se rendre à la rue du Yun !!! Après l'avoir remis sur le droit chemin, j'ai continué le mien ! Et ce faisant, cela m'a rappelé que le nom d'une autre rue de notre village est assez couramment "spotchî" tant à l'oral qu'à l'écrit ; c'est la rue Salvador Allende !
Commençons par le prénom : souvent, il est prononcé [Salvator] et parfois je le vois écrit [Salvatore]. C'est Adamo qui doit être content !
Pour le nom de famille, c'est une autre paire de manches ! Phonétiquement, cela va de [A-lent-de] à [A-lente] en passant par [A-liant-dé] ou autre [Salvator-en-dé]. Je dois bien vous avouer que personnellement j'y perds aussi parfois mon latin ! Salvador [ A-laine-dé] ou [A-li-aine-dé] ? Toujours est-il que lorsqu'on aborde le sujet, bien souvent l'on me rétorque : "Mais qui c'est ç'n'ome-là ?"

Mais qui donc était...

Salvador Allende ?

Salvador Allende (1908-1973)
Homme politique chilien, socialiste, président de la République du Chili (1970-1973), il est renversé par un putsch militaire, dirigé par le général Pinochet, au cours duquel il trouve la mort.

Merci le dico ! mais essayons d'en savoir plus !


Salvador Allende est né à Santiago (Valparaíso) en 1908, il reçoit une formation de médecin à l'université du Chili. Il s'inscrit au Parti Socialiste dès sa fondation en 1933. Il est élu au Congrès en 1937, puis occupa la fonction de ministre de la Santé de 1939 à 1942. En 1943, il devient le secrétaire général du parti Socialiste. En 1945, Allende est élu au Sénat, où il reste actif durant 25 ans. Au cours de cette période, il est à trois reprises présenté comme candidat à la présidence par son parti, le Front d'Action Populaire.

Lors de sa quatrième tentative en 1970, soutenu par une coalition de partis de gauche, il remporte les élections avec 36,7% des suffrages, face à deux candidats de droite dont Jorge Alessandri, qui a obtenu 35,3% des suffrages, et Radomiro Tomic (plus de 30% des suffrages). Pour la première fois, un socialiste accède par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine.
Le nouveau président doit s'appuyer sur une coalition hétérogène qui va du centre à l'extrême gauche révolutionnaire (trotskistes et maoïstes) en passant par les communistes fidèles à Moscou.

Ses mesures sociales (augmentation des salaires, nationalisation des mines de cuivre et des principales entreprises du pays, réforme agraire,...), tantôt trop modérées, tantôt trop radicales, ne font jamais l'unanimité dans son camp.

Salvador Allende doit par ailleurs faire face à une opposition de droite majoritaire au Parlement. Elle est appuyée en sous-main par des agents secrets de la CIA états-unienne et financée par les multinationales implantées dans le pays.

Le Chili est bientôt secoué par l'agitation de la gauche révolutionnaire (le MIR) et paralysé par des grèves à répétition, dont celle des camionneurs.
Face à l'agitation multiforme qui menace son gouvernement, Salvador Allende appelle des militaires à son secours. Il obtient l'appui du commandant en chef de l'armée de terre, Carlos Prats.
Mais le Parlement prive Salvador Allende de tout moyen d'action et tente de le récuser. Le président ne voit plus d'autre issue que dans un référendum...

[...]

Philippe Longfils

Le palais de la Moneda lors de l'attaque des troupes fascistes du général Pinochet.

 


Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Avant-propos

La rue Jacques Brel est un petit bout de rue qui ne mène nulle part, perdu au début de la cité du Carnois. Pourtant, à l'origine, une décision du Conseil Communal du 13 septembre 1979 prévoyait de baptiser la rue principale de la résidence du Carnois (actuelle rue du Cron Ry) du nom de cet illustre personnage jusqu'au bout de la cité où elle devait rejoindre la rue Georges Brassens.
Bien vite Georges Brassens fut délaissé, peut-être parce qu'à l'époque la Commission Royale de Toponymie et Dialectologie rechignait quant au choix d'un chanteur qui serait vite oublié, et Jacques se retrouva relégué dans une petite voie sans issue bordée de 12 maisons et quelques garages. Ne tirez pas ici de hâtives conclusions, il ne s'agit nullement d'un reproche, mais d'un simple constat. Personnellement, j'aurais bien permuté sa place avec celle de ce chansonnier français (que presque tout le monde a oublié), mais ce qui est fait est fait et ne faisons pas naître une polémique pour… des queues de cerises !

Au contraire, nous devrions être fiers d'avoir une rue Jacques Brel dans notre petit village, car contrairement à nos amis d'outre Quiévrain où les rues, les avenues, les places, les écoles, les lycées Jacques Brel pullulent, rares sont les rues portant le nom du Grand Jacques en Belgique : Ensival y possède un quai, Chaudfontaine une voie sans issue, Braine-l'Alleud une petite avenue. Je crois que la palme revient à Woluwe-Saint-Lambert avec une belle Jacques Brellaan…


Mais qui donc était...

Jacques Brel ?

On a sans certainement trop et mal parlé de Jacques BREL. Tantôt fou rêveur, tantôt anarchiste misogyne, tantôt alcoolique dépressif, le Grand Jacques s'est vu donner toutes les étiquettes, bien souvent aussi fausses les unes que les autres. Que dire de Jacques Brel qui ne paraîtrait illusoire ou déplacé ? Juste quelques mots d'amour, de tendresse aussi, et de profonde amitié.
Le plus français des chanteurs belges (ou le plus belges des chanteurs français ?!) naît à Bruxelles le 8 avril 1929. Son père, Romain Brel, directeur d'une usine de carton, le destine à un avenir bourgeois et confortable tout tracé. Mais c'est sans compter sur le caractère du petit Jacques, qui, dès l'école primaire, se trouve être un élément peu discipliné, rêveur, et joueur.

 

En 1941, à l'institut St Louis, rue du Marais à Bruxelles qui accueillit d'illustres élèves comme Emile Verhaeren, Michel de Ghelderode, Joseph Luns, Peyo..., on le sait chahuteur, et déjà il préfère le français au flamand... Il découvre le cinéma et le théâtre et s'essaie à l'écriture, développant ainsi son sens artistique. En 1945, avec des amis, il publie une revue : Le Grand Feu, qui ne durera que deux numéros ! Lassé des études, il quitte le collège et rejoint la cartonnerie familiale au service commercial. Mais ce n'est pas encore ça, et pour s'évader à nouveau, Brel décide de faire son service militaire en juin 1948. Il sera affecté à Bruxelles.
Jacques se marie en juin 1950 avec Thérèse Michielsen dite Miche et en décembre 1951 naît Chantal, sa première fille.

 

Tout en continuant à travailler à la cartonnerie Vanneste et Brel, Jacques veut vivre autrement, et il enregistre un disque qu'il souhaite proposer aux radios. Ce premier titre, La Foire / Il y a, sera enregistré à Bruxelles en février 1953, et marquera le début d'une longue carrière. C'est à Paris que Jacques, riche de cette première discographique, essaie de se vendre. Il a laissé derrière lui sa femme et sa fille, de peur de les entraîner dans cette difficile aventure. Et en effet, à ses débuts, la vie est dure : Jacques joue dans les cabarets pour un repas ou cent francs la soirée, la pauvreté le pousse à vivoter, de plonges en spectacles...

Aux Trois Baudets, où débutent alors Brassens, Béart, Mouloudji, Aznavour, Devos,... Brel fait la rencontre de Jacques CANETTI qui le lance en lui permettant d'enregistrer en février 1954 son premier album. Entre-temps, France, sa deuxième fille est née en juillet 1953.


[...]

Philippe Longfils

Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Il est des personnages partiellement ou complètement inconnus de la population, mais qui ont le privilège de voir leur nom apparaître sur une place, à l'entrée d'une rue ou encore dans une cité comme le cas qui nous concerne actuellement. Beaucoup mieux connue sous le patronyme de : " cité blanche " de par la couleur des maisons du lotissement, la cité des Scailleux est desservie par la rue Constantin Meunier. La raison pour laquelle on a choisi ce personnage qui n'a apparemment aucun lien direct ou indirect avec Leval-Trahegnies reste assez floue, mais elle répond parfaitement à la circulaire de 2 décembre 1972 émanant du Ministre de l'Intérieur de l'époque, R. Van Elslande : " Les seuls noms de personnes pouvant être pris en considération sont ceux de personnages défunts qui ont acquis une renommée généralement reconnu sur le plan historique, scientifique ou social ".

Mais qui donc était…
Constantin Meunier ?

Il y a déjà cinq enfants chez les Meunier quand Constantin naît à Etterbeek, le 12 avril 1831.
La famille est modeste et l'ambiance n'y est pas gaie : à la révolution de 1830, on a pillé la caisse du père qui est receveur des contributions et le pauvre homme en est fort affecté, persuadé que sa probité est mise en doute. Peu à peu envahi d'idées noires, il sombre dans la mélancolie et, à 4 ans, le petit Constantin n'a plus que sa mère.

C'est un enfant malingre, souffreteux. Il a toujours une petite figure triste comme s'il avait pleuré toute la nuit et c'est vrai qu'il pleure beaucoup car, apparemment, il a hérité de la nature inquiète du père. Pour nourrir les siens, Madame Meunier loue des chambres dans le quartier du Petit Sablon. Ça permet de vivre, mais en comptant chaque sou et il n'est pas question que Constantin Meunier entreprenne des études.

Sa vie professionnelle, il la commence donc jeune, chez un ébéniste. Mais ni le rabot ni la varlope ne l'inspirent et Constantin reste un enfant triste.

A quinze ans tout change brusquement : son frère aîné, qui est graveur, lui fait visiter la salle des moulages de l'Académie de Bruxelles et c'est le déclic. Une vraie révélation : Constantin découvre l'ART et, du jour au lendemain, près d'une sorte d'exaltation sacrée, il se met à dessiner.
Adieu tristesse ! Constantin n'est plus que fougue et passion. Mais sous la férule exigeante du frère, les coups de crayon sont précis, minutieux, dominés et reproduisent fidèlement la réalité.

A 17 ans, Constantin devient l'élève de Charles Auguste Fraikin, un artiste à la mode qui sculpte de jolies femmes et de gracieux enfants. Mais l'élève fait surtout les courses, le nettoyage de l'atelier ou alors, quand il peut manier l'ébauchoir, c'est pour produire de la mièvrerie et répéter sempiternellement les mêmes thèmes, usés jusqu'à la corde…

Et l'artiste en herbe se dégoûte de la statuaire.
Peut-être que la peinture pourrait satisfaire sa soif d'absolu ? Il hésite puis entre à l'atelier du peintre François-Joseph Navez . Il apprend vite et bien. Chaque soir, il travaille aussi à l'atelier Saint-Luc, rue aux Laines. C'est là qu'il rencontre Charles de Groux, un peintre mystique et minutieux qui cherche son inspiration dans les misères des humbles. De Groux le conseille, l'aide, l'influence.
Avec lui, Meunier fait des cartons de vitraux. Sa main s'affermit, son œil se perfectionne. Peu de temps après, il fait un séjour à l'abbaye de Westmalle. La vie rude des moines le frappe. Il prend des notes, sort son crayon et cela donne en 1860, sa première œuvre marquante : " l'enterrement d'un trappiste ".

Mais le public n'apprécie pas. Cruelle désillusion et, pour vivre, l'artiste s'astreint à des besognes mercantiles ; il se plie aux exigences des marchands, aux caprices de leur clientèle. 1862 : une éclaircie : Meunier rencontre Léocadie Gorneaux, une parisienne qui donne des leçons de piano en Belgique. Ils s'aiment, se marient et une première naissance s'annonce bientôt. Meunier est heureux, mais tracassé car le ménage vit dans la gêne. Pour nouer les deux bouts, il accepte toutes sortes de commandes, en essayant malgré tout qu'elles ne soient pas trop indignes des ses aspirations. Mais les années passent et l'amertume grandit.
1879, un voyage le conduit dans les bassins industriels de Liège et du Borinage. A son retour à Bruxelles, Meunier n'est plus le même. Il a vu des hommes s'enfoncer dans les entrailles de la terre, vu les dos se casser sous le poids des charges, vu le feu des forges, vu les corons, vu les femmes trop tôt vieillies, toujours basses, vu les pitoyables serviteurs de l'industrie moderne. Et il sait que désormais son art glorifiera l'homme au labeur. Il se met aussitôt à la recherche d'un grand atelier, le trouve à Schaerbeek où toute sa famille s'installe et bientôt tout le " Pays Noir " frémit sur ses toiles : " la
chaudronnerie ", la " fonte de l'acier ", la " descente des mineurs ", toutes parlent du peuple de la mine et de l'usine, hommes, femmes, enfants et jusqu'aux animaux associés à leurs tâches. Œuvres appréciées lors des expositions, mais qui se vendent mal !

En 1882, Meunier est à Séville, envoyé par le gouvernement belge pour exécuter la copie de " la descente de croix " du flamand espagnolisé Campa?a. Il en profite pour visiter la cité andalouse : les couvents, les églises, les musées, mais c'est l'intérieur d'une fabrique de tabac qui l'impressionne le plus. " Quel tableau à faire, écrit-il à sa femme. Dans d'immenses salles voûtées, dans des pénombres chaudes où viennent de temps en temps éclater des rayons de soleil, des milliers de femmes fabriquent cigares et cigarettes. Leurs têtes chaudes de couleur avec leurs mouchoirs rouges, oranges forment des colorations … à se mettre à genoux ! La plupart de ces femmes sont laides, tannées, mais elles ont un caractère étrange, sauvage ! "

[...]

 

Philippe Longfils
Vous désirez en savoir plus ? Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Il est un tout petit bout de rue perdu dans la cité du Carnois, reliant la rue du Cron Ry à la rue Berthe Dubail (cf. Par Mont et Par vaux n° 4) qui de prime abord rappellerait le souvenir d'un potier prénommé Eugène. Une figure locale, peut-être !
En regardant de plus près, notre présumé artisan arbore la double consonne " t " dans ce qui ressemble de plus en plus à un patronyme.

Mais qui donc était…
Eugène pottier ?

Pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, la France a tenté d'imposer son modèle et ses institutions à une partie importante de l'Europe ; mais la volonté initiale d'apporter la liberté aux " peuples opprimés " s'est vite transformée en conquêtes et en annexions, le " droit des peuples à disposer d'eux-mêmes " apparaissant alors comme une formule bien vaine... La France perd son Empire en 1815 avec la défaite de Napoléon Bonaparte à la célèbre bataille de Waterloo, mais ne recouvre pas pour autant liberté et démocratie. La monarchie est restaurée avec Louis XVIII.
C'est à cette époque, la " Restauration ", que né, à Paris, le 4 octobre 1816 Eugène Pottier. Enfant, il fréquente l'école des Frères. C'est sans doute là qu'il apprend l'art de manier le verbe et les rimes.
En 1824, Louis XVIII meurt et c'est son frère Charles X qui lui succède. Il est partisan de revenir à la situation politique et sociale d'avant la Révolution et il fait prendre des mesures comme le Milliard des émigrés (1), le rétablissement des pouvoirs de l'Église, etc. Ceci aboutit à déclencher un mouvement populaire à Paris les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses). Charles X se réfugie en Angleterre. Quelques jours avant ces évènements Alger est pris par la flotte française, c'est le début de la conquête de l'Algérie. La confrontation d'Eugène Pottier avec l'idéal révolutionnaire a sans doute lieu lors de cette révolution de 1830, alors qu'il a 14 ans sur les barricades. Il arrête son travail d'emballeur pour être pion pendant deux ans, puis commis papetier.
Louis-Philippe, cousin des Rois précédents (de la branche des Orléans) devient le nouveau Roi de France et entame un règne de 18 ans. Il gouverne avec le soutien de la bourgeoisie et fait rétablir le drapeau tricolore. Néanmoins la situation politique reste instable avec les contestations des multiples partis. Les Légitimistes veulent le Comte de Chambord (petit-fils de Charles X) comme Roi. Les Républicains font des barricades à Paris et Lyon. Les Bonapartistes entretiennent une agitation sous la conduite d'un neveu de Napoléon, Louis-Napoléon Bonaparte. En 1848 le peuple de Paris se soulève à nouveau et le Roi Louis-Philippe s'enfuit en Angleterre. Eugène Pottier participe au coup de feu au côtés des ouvriers parisiens. La 2ème République, née des barricades sera rapidement renversée par un coup d'État, celui de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851 et l'instauration du second Empire (1852-1870). Dans les années 40-50, où l'on dispose de peu d'éléments, Pottier semble faire surtout de la propagande par les chansons. En 1862, il s'installe à son compte comme dessinateur sur étoffes, ce qui explique peut-être le faible nombre de textes écrits jusqu'en 1866.

Sous ces différents régimes, le recours aux citoyens n'a guère été pratiqué. Peut-être est-ce cela qui incita Eugène Pottier à participer activement à la création de la chambre syndicale des dessinateurs qui adhère ensuite à l'Internationale. Cependant, derrière l'instabilité politique s'opèrent des changements de fond à travers lesquels se construit la France moderne. Ils sont d'abord d'ordre territorial et administratif. En 1789, l'unité administrative de la France était inachevée.
La période qui va de la Révolution au Second Empire est aussi marquée par une profonde transformation de l'économie et de la société. Même si les bouleversements que la France a connus entre 1789 et 1815 ont permis à l'Angleterre de prendre une avance économique certaine, la France entre, elle aussi, dans l'âge industriel, celui des charbonnages, de la machine à vapeur (Denis Papin), des forges modernes, des grandes manufactures textiles et du chemin de fer. Cependant, si l'essor économique est incontestable, le progrès social reste à la traîne et, dans cette première moitié du XIXe siècle, les conditions de vie sont dures et la misère aiguë pour le prolétariat qui s'entasse dans les villes industrielles. Une nouvelle classe sociale prend de l'ampleur: le prolétariat. Son exploitation par les industriels provoque l'apparition d'une doctrine qui leur est favorable, le socialisme.

[...]

Philippe Longfils
Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mémoire de nos rues

Quiconque rentrait dans le village par "Tragnière" au début du siècle passé le faisait par la rue du Béguinage. Vers 1939, le même axe portait cette fois le nom que nous connaissons actuellement, c’est à dire la rue Matteotti. Était-ce moins noble d’évoquer l’éventuelle existence d’un lieu consacré à la prière ? ou alors il existait trop d’axes le rappelant ? Peut-être un caprice de la majorité de l’époque ? Absolument pas ! Mais alors pourquoi ce changement qui de prime abord ne s’avérait pas nécessaire ? Et pourquoi un personnage italien ?

Mais qui donc était...

Giacomo Matteotti ?

Au moment où l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie traversa l'Europe comme un éclair en la précipitant dans l'effroyable carnage de 1914-1918, l’Italie, à peine sortie de la guerre de colonisation de la Libye, se trouvait en pleine crise politique et sociale due au grave mécontentement qui étreignait depuis des années les masses travailleuses de la péninsule, à cause surtout de la corruption des classes dirigeantes italiennes et de leur impuissance à résoudre les problèmes posés par l'histoire.
Mussolini, alors directeur de l'organe central du Parti So­cialiste Italien l'Avanti !, exalte, dans des articles enflammés, le mouvement, tandis que les chefs réformistes du parti et de la C.G.T. le désavouent et le dénigrent.

Les frustrations de la guerre

En 1914, le royaume d’Italie, reste d’abord hors de la guerre. Lorsque celle-ci s'étend à l'Europe, Mussolini engage soudain son journal pour l’entrée en guerre aux côtés de la France. Il dénonce les vrais buts impérialistes de la guerre et il invite le prolétariat à ne pas tomber dans le filet que lui tendent les compères réaction­naires et conservateurs pour l'entraîner dans le massacre pour leurs louches intérêts de classe. Exclu du parti socialiste, il passe dans le camp des « interventionnistes », fonde lePopolo d’Italia qui

Giacomo Matteotti

milite pour une guerre rédemptrice qui doit régénérer l'Italie. En 1915, l’Italie déclare la guerre à l’Autriche mais le front des Alpes est difficilement tenable et Venise est menacée (défaite de Caporetto, 1917). Cependant, au prix de souffrances inouïes, l’armée italienne remporte la victoire de Vittorio Veneto, qui précipite la défaite et l’éclatement de l’Autriche-Hongrie (octobre 1918). Aux traités de 1919-20, l’Italie repousse sa frontière jusqu’aux Alpes du Tyrol, mais la côte dalmate, qu’elle considère comme italienne, est donnée à la Serbie pour former un nouvel état : la Yougoslavie. L’opinion italienne est déçue : « tous ces sacrifices pour rien… » : c'est la thématique de la « victoire mutilée ».

Les conflits sociaux d'après-guerre

La guerre n'a résolu aucun des problèmes devant les­quels se trouvait déjà quatre ans auparavant l'Italie. Elle les a tous aggravés, en y ajoutant d'autres encore plus gra­ves et plus épineux :

- Le Nord-est industriel a souffert de la guerre, les destructions sont nombreuses ; l'endettement et l'inflation sont particulièrement élevés.

- La population voit son pouvoir d'achat s'effondrer et le chômage progresser. Les paysans attendent la réforme agraire. Le gouvernement est incapable de prendre la moindre réforme et en 1919, les usines sont occupées et les paysans se partagent les terres des grands propriétaires.

- Les Italiens sont déçus par les conclusions de la guerre, car ils ne reçoivent pas les territoires promis par les Alliés. Les mouvements nationalistes et extrémistes prennent de l'ampleur tandis que les partis traditionnels ne peuvent s'entendre.

En janvier 1919 la donne politique italienne change très vite: don Luigi Sturzo (prêtre sicilien) fonde un nouveau parti démocrate chrétien (Parti Populaire Italien) qui fait concurrence aux idées socialistes et prospère à grande vitesse, les anciens combattants créent un peu partout des associations d'arditi1 sans rapport avec Mussolini et l'homme fort de l'idéologie nationaliste est le poète et ancien combattant d'Annunzio, héros national.

Aussi la confiance à Mussolini est-elle extrêmement réduite dans la population, bien que dans son journal il parle "d'humiliation" et réclame l'annexion de Fiume et de la Dalmatie. Le 23 mars, entouré d'une centaine de personnes il crée à Milan le premier groupuscule "fasci italiano di combatimento".

Ce nouveau mouvement est hétérogène, d'ailleurs Mussolini le proclame avec fierté: "nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, d'être conservateurs et progressistes, d'être révolutionnaires et conservateurs, d'être légalistes et illégaux à la fois, suivant les circonstances, le temps et le lieu où nous sommes contraints d'agir". Dès sa création ses membres adoptent la chemise noire comme uniforme.

Les socialistes sont, semble-t-il, parmi les premiers à donner une (peut-être trop grande) importance à ce nouveau mouvement dont l'impact est alors très modeste et, indirectement, le médiatisent rapidement. En effet, le 15 avril 1919 ils se dirigent en force (20 000 personnes) vers son siège qui est aussi celui du journal "il popolo d'Italia" dans le but proclamé d'y mettre le feu et de pendre Mussolini. Quelques fascistes, armés, foncent sur le cortège et le dispersent. Puis, en représailles, ils vont mettre le feu au siège du journal socialiste "Avanti". La police n'intervient pas. La manière forte, même avec peu d'individus, vient de montrer son efficacité.

L'ère fasciste


A la fin de l'année 1921, Mussolini est à la tête d'une force politique qui regroupe 700 000 adhérents. Cependant les résultats aux élections restent médiocres. C'est donc par la force que Mussolini devra prendre le pouvoir. Les actes terroristes se multiplient sans que l'armée ou la police n'essaient d'intervenir. L'État italien ne cesse de vaciller. Le 26 octobre 1922, Mussolini lance un ultimatum au chef du gouvernement et au roi : « Démission du gouvernement ou marche sur Rome ».

Une insurrection pour rire

Mussolini charge De Bono, vieux général, De Vecchi propriétaire piemontais et Balbo, jeune Squadrista2, de mener la marche sur Rome. Celle-ci débute le 27 à 23 h certaines villes sont occupées sans grandes difficultés. Les autorités militaires collaborent ouvertement avec les chemises noires. Malgré les faibles résistances, les fascistes contrôlent les points stratégiques. Les jeunes gens, les casques peints en rouge, une tête de mort brodée sur leur chemise noire, le poignard à la ceinture, chantent sous la pluie.
Car il pleut à verse : c’est l’octobre de l’Italie centrale avec ses ciels pris par les orages méditerranéens, jetant en quelques heures sur les cyprès pliant sous les tornades la pluie d’une année. Les Squadre marchent sur le sol trempé, tentant de protéger leurs fusils ; les gagliardetti 3 imbibés d’eau retombent pauvrement le long des hampes ruisselantes. Combien d’hommes représentent à ce moment l’armée fasciste ? Les recherches précises donnent … 5000 hommes ! Bientôt ils seront 25 000 mais mal armés, trempés jusqu’aux os, et surtout bloqués sans réaction par les autorités militaires : 400 carabiniers et deux interruption ferroviaires ont suffi : et les Squadre qui comptait arriver à Rome par le train s’égaillent bien vite à la recherche d’abris contre la pluie. La faillite militaire de la Marche sur Rome est évidente quand leur parvient la nouvelle que le gouvernement – démissionnaire depuis le 27 – a déclaré l’État de siège. Mais coup de théâtre : le roi Victor-Emmanuel III refuse de signer le décret d’état de siège qu’il a pourtant conseillé et fait de Mussolini le chef du gouvernement.
Mussolini se veut rassurant et coopère de bonne grâce avec les parlementaires, mais en 1924, il modifie la loi électorale permettant au parti fasciste d'emporter la victoire.  
Durant ces élections, un député socialiste, Giacomo Matteotti, dénonça les méthodes, violentes et malhonnêtes, des fascistes. Il était alors président du Conseil italien4. Le 30 mai 1924, il réclama l’annulation des élections et promit d’apporter de nouvelles preuves des malversations fascistes durant les élections. Le 10 juin au matin, Le député Matteotti quitte son domicile pour se rendre, à pied, au Parlement. Il n’y arrivera jamais. En effet, Matteotti a bien quitté le 40 rue Pisanelli pour gagner Montecitorio. Le policier qui assure habituellement sa filature et sa protection ne le suit pas ce jour-là. Le quai le long du Tibre est désert, une Lancia portant le numéro 55-12169 stationne. Quand Matteotti arrive à sa hauteur des hommes ouvrent les portières, bondissent sur le député. Il se débat, tente de fuir, est poursuivi

[...]

Philippe Longfils
Abonnez-vous à notre trimestriel !
Si vous désirez l'intégralité du texte ? Contactez-nous !
retour