La mémoire de nos rues |
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Avant-propos Qui ne s'est jamais
interrogé en lisant le nom d'une rue où l'on doit se rendre
ou en notant l'adresse d'une connaissance ? Seriez-vous capables de nous retracer la vie de ces personnes qui ont leur nom inscrit sur ces plaquettes apposées tantôt sur une façade, tantôt sur un simple piquet ? Pour nos ainés, cela ne posera certainement aucun problème, mais je connais des jeunes et des moins jeunes qui seraient bien embarrassés s'ils devaient nous parler de ces gens qui, pour certains, sont d'illustres inconnus. Pour remédier à cela, je vous propose de parcourir les rues de Leval-Trahegnies et de Mont-Sainte-Aldegonde et de découvrir ceux ou celles qui se cachent derrière ces inscriptions. [...] |
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Mais qui donc était ... Arsène SOURIS (1854 - 1919) ? Il est né à
Solre-sur-Sambre le 31 janvier 1854. Il est le fils d'un modeste ouvrier
marbrier.
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Avant-propos : Certains lâcheront peut-être un "enfin !" en trouvant un article sur une rue ou plutôt une place de Mont-Sainte-Aldegonde. Ce n'est pas suite à un excès de "chauvinisme levallois", mais uniquement parce qu'il n'est pas aisé de retrouver des renseignements sur les personnalités qui rehaussent de leur nom une rue voire une place aldegondoise. Sont-elles moins connues ? J'en doute, car de Grivegnée à Morlanwelz en passant par Yvoz-Ramet et Châtelineau, plusieurs rues, places et même cités ont été baptisées du nom de Max Buset. Mais qui donc était ... Max Buset ? Max Buset est né en 1896 dans notre belle région du Centre d'un père, contremaître dans l'industrie métallurgique et d'une mère se livrant à des travaux de couture pour faire face aux besoins matériels de la famille. Chose qui était relativement rare au début du siècle passé, Max Buset put fréquenter et terminer l'école moyenne de La Louvière. Après cela, il s'imposa des études du soir à l'école industrielle et c'est comme dessinateur industriel aux établissements Goldsmith puis à la Franco-Belge de La Croyère qu'il commença sa vie professionnelle. Homme très ambitieux, il ne se contenta pas de rester devant sa table à dessin, il prépara et réussit l'examen de fin d'humanité devant le jury central, puis s'inscrivit à l'Université libre de Bruxelles où, dans le minimum de temps, il conquit une licence en sciences économiques et sociales. Pendant ses études, il est en contact avec le P.O.B. et celui-ci l'envoie passer une année à l'école supérieure du "Labour Party".(Parti travailliste anglais) Revenu d'Angleterre,
il est bien préparé pour assurer la fonction de secrétaire
de la centrale d'éducation, ce qu'il assumera jusqu'en 1934. Dès 1932, il
est élu à la Chambre des députés où
il représente l'arrondissement de Thuin. Les électeurs de
cette région lui maintiendront leur confiance jusqu'à sa
mort, c'est-à-dire pendant 27 ans. [...] |
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Max Buset
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La mémoire de nos rues |
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Avant-propos : Avant la construction
de la voie ferrée assurant la liaison Ecaussinnes - Erquelinnes,
le territoire de Leval était traversé par la rue des Convers.
Elle débutait au carrefour de l'actuelle rue Albert Ier et de la
rue d'Haine et cheminait jusqu'à Saint-Vaast. Mais qui donc étaient... Si vous compulsez
le "Petit Larousse", vous apprendrez très vite que "convers"
est en fait un adjectif tiré du latin conversum qui signifie converti.
Les convers étaient des religieux laïcs qui prononçaient des vux monastiques mais dont la vie au sein de l'abbaye était plutôt orientée vers le travail manuel que vers la célébration de la liturgie. Le statut religieux des convers constitue l'originalité par rapport au système bénédictin où les paysans à qui incombaient la culture et l'élevage du domaine étaient des laïcs. Une fois les convers admis, ils ne devaient pas être traités comme des travailleurs salariés ou des citoyens de seconde classe, mais comme des frères religieux dont le mode de vie méritait le même respect que celui des moines. Les frères convers étaient pourtant différents par l'habit, l'origine sociale et le niveau d'instruction. Nous le verrons plus loin. Les frères convers s'occupaient de tout ce qui avait trait à la gestion quotidienne des biens de l'abbaye : élevage des troupeaux de bétail, défrichement des terres et assèchement des marais, culture des champs, construction et réparation des bâtiments, achat et vente des produits sur les marchés locaux et parfois ils servaient de messagers et de domestiques. [...] |
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Un
frère convers mène paître les moutons de l'abbaye. |
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Avant-propos : Si d'aventure, il vous arrive de passer par le carrefour "les quatre saisons", vous pourrez apercevoir juste au dessus de la porte d'entrée du commerce qui fait l'angle de la rue Salvador Allende et la rue Clément Brédas, une plaquette commémorative où il est inscrit : Mais qui donc était
Dernière enfant
d'une famille de commerçants, Berthe Dubail est née à
Leval-Trahegnies, le dix-neuf juin 1911. Une artiste née Dès sa tendre
enfance, Berthe ressent le besoin de dessiner et de peindre. C'est durant
ses études secondaires, que se précise peu à peu
la volonté d'entamer une carrière artistique. Un parcours difficile En 1936, à
la suite de la rencontre sur la côte belge d'un peintre hollandais
du nom de Théo Idserda, elle s'enthousiasme à peindre quelques
marines. C'est aussi l'année où, pour se préparer
aux examens du Jury Central, elle s'inscrit aux cours de dessin de l'Académie
des Beaux-Arts de Mons. Beaux-Arts de Mons, dont la réputation n'était plus à faire depuis que le peintre Louis Buisseret y était à la fois directeur et professeur. De l'animisme à l'abstrait Si, par le traitement
des sujets et le choix d'une palette feutrée, les premières
toiles de Berthe Dubail s'accordent au climat animiste qui prévaut
un peu partout en Belgique durant les années 30 et pendant la guerre,
sa peinture adoptera un ton expressionniste dès 1945. C'est également
cette année-là qu'elle participera pour la première
fois à des expositions collectives. [...] |
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Berthe Dubail
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Avant-propos : Un soir, en revenant
du boulot, je suis interpellé par un ouvrier d'une société
de distribution d'électricité au volant de sa camionnette.
Notre malheureux personnage arpentait depuis plus d'une heure les rues
de Leval à la recherche de la rue du "Youne" (sic). J'ai
dû fournir un effort surhumain pour ne pas éclater de rire
: notre infortuné travailleur devait se rendre à la rue
du Yun !!! Après l'avoir remis sur le droit chemin, j'ai continué
le mien ! Et ce faisant, cela m'a rappelé que le nom d'une autre
rue de notre village est assez couramment "spotchî" tant
à l'oral qu'à l'écrit ; c'est la rue Salvador Allende
! |
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Mais qui donc était... Salvador Allende ? |
Salvador Allende (1908-1973) Merci le dico ! mais essayons d'en savoir plus !
Lors de sa quatrième
tentative en 1970, soutenu par une coalition de partis de gauche, il remporte
les élections avec 36,7% des suffrages, face à deux candidats
de droite dont Jorge Alessandri, qui a obtenu 35,3% des suffrages, et
Radomiro Tomic (plus de 30% des suffrages). Pour la première fois,
un socialiste accède par les urnes à la tête d'un
pays d'Amérique latine. Ses mesures sociales (augmentation des salaires, nationalisation des mines de cuivre et des principales entreprises du pays, réforme agraire,...), tantôt trop modérées, tantôt trop radicales, ne font jamais l'unanimité dans son camp. Salvador Allende doit par ailleurs faire face à une opposition de droite majoritaire au Parlement. Elle est appuyée en sous-main par des agents secrets de la CIA états-unienne et financée par les multinationales implantées dans le pays. Le Chili est bientôt
secoué par l'agitation de la gauche révolutionnaire (le
MIR) et paralysé par des grèves à répétition,
dont celle des camionneurs. [...] |
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Le palais de la Moneda lors de l'attaque des troupes fascistes du général Pinochet.
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La mémoire de nos rues |
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Avant-propos La rue Jacques Brel
est un petit bout de rue qui ne mène nulle part, perdu au début
de la cité du Carnois. Pourtant, à l'origine, une décision
du Conseil Communal du 13 septembre 1979 prévoyait de baptiser
la rue principale de la résidence du Carnois (actuelle rue du Cron
Ry) du nom de cet illustre personnage jusqu'au bout de la cité
où elle devait rejoindre la rue Georges Brassens. Au contraire, nous devrions être fiers d'avoir une rue Jacques Brel dans notre petit village, car contrairement à nos amis d'outre Quiévrain où les rues, les avenues, les places, les écoles, les lycées Jacques Brel pullulent, rares sont les rues portant le nom du Grand Jacques en Belgique : Ensival y possède un quai, Chaudfontaine une voie sans issue, Braine-l'Alleud une petite avenue. Je crois que la palme revient à Woluwe-Saint-Lambert avec une belle Jacques Brellaan
Jacques Brel ? |
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On a sans certainement
trop et mal parlé de Jacques BREL. Tantôt fou rêveur,
tantôt anarchiste misogyne, tantôt alcoolique dépressif,
le Grand Jacques s'est vu donner toutes les étiquettes, bien souvent
aussi fausses les unes que les autres. Que dire de Jacques Brel qui ne
paraîtrait illusoire ou déplacé ? Juste quelques mots
d'amour, de tendresse aussi, et de profonde amitié.
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En 1941, à
l'institut St Louis, rue du Marais à Bruxelles qui accueillit d'illustres
élèves comme Emile Verhaeren, Michel de Ghelderode, Joseph
Luns, Peyo..., on le sait chahuteur, et déjà il préfère
le français au flamand... Il découvre le cinéma et
le théâtre et s'essaie à l'écriture, développant
ainsi son sens artistique. En 1945, avec des amis, il publie une revue
: Le Grand Feu, qui ne durera que deux numéros ! Lassé des
études, il quitte le collège et rejoint la cartonnerie familiale
au service commercial. Mais ce n'est pas encore ça, et pour s'évader
à nouveau, Brel décide de faire son service militaire en
juin 1948. Il sera affecté à Bruxelles.
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Tout en continuant à travailler à la cartonnerie Vanneste et Brel, Jacques veut vivre autrement, et il enregistre un disque qu'il souhaite proposer aux radios. Ce premier titre, La Foire / Il y a, sera enregistré à Bruxelles en février 1953, et marquera le début d'une longue carrière. C'est à Paris que Jacques, riche de cette première discographique, essaie de se vendre. Il a laissé derrière lui sa femme et sa fille, de peur de les entraîner dans cette difficile aventure. Et en effet, à ses débuts, la vie est dure : Jacques joue dans les cabarets pour un repas ou cent francs la soirée, la pauvreté le pousse à vivoter, de plonges en spectacles... Aux Trois Baudets,
où débutent alors Brassens, Béart, Mouloudji, Aznavour,
Devos,... Brel fait la rencontre de Jacques CANETTI qui le lance en lui
permettant d'enregistrer en février 1954 son premier album. Entre-temps,
France, sa deuxième fille est née en juillet 1953.
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La mémoire de nos rues |
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Il est des personnages partiellement ou complètement inconnus de la population, mais qui ont le privilège de voir leur nom apparaître sur une place, à l'entrée d'une rue ou encore dans une cité comme le cas qui nous concerne actuellement. Beaucoup mieux connue sous le patronyme de : " cité blanche " de par la couleur des maisons du lotissement, la cité des Scailleux est desservie par la rue Constantin Meunier. La raison pour laquelle on a choisi ce personnage qui n'a apparemment aucun lien direct ou indirect avec Leval-Trahegnies reste assez floue, mais elle répond parfaitement à la circulaire de 2 décembre 1972 émanant du Ministre de l'Intérieur de l'époque, R. Van Elslande : " Les seuls noms de personnes pouvant être pris en considération sont ceux de personnages défunts qui ont acquis une renommée généralement reconnu sur le plan historique, scientifique ou social ". Mais qui donc était
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Il y a déjà
cinq enfants chez les Meunier quand Constantin naît à Etterbeek,
le 12 avril 1831. C'est un enfant malingre,
souffreteux. Il a toujours une petite figure triste comme s'il avait pleuré
toute la nuit et c'est vrai qu'il pleure beaucoup car, apparemment, il
a hérité de la nature inquiète du père. Pour
nourrir les siens, Madame Meunier loue des chambres dans le quartier du
Petit Sablon. Ça permet de vivre, mais en comptant chaque sou et
il n'est pas question que Constantin Meunier entreprenne des études. |
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Sa vie professionnelle, il la commence donc jeune, chez un ébéniste. Mais ni le rabot ni la varlope ne l'inspirent et Constantin reste un enfant triste. A quinze ans tout
change brusquement : son frère aîné, qui est graveur,
lui fait visiter la salle des moulages de l'Académie de Bruxelles
et c'est le déclic. Une vraie révélation : Constantin
découvre l'ART et, du jour au lendemain, près d'une sorte
d'exaltation sacrée, il se met à dessiner. A 17 ans, Constantin devient l'élève de Charles Auguste Fraikin, un artiste à la mode qui sculpte de jolies femmes et de gracieux enfants. Mais l'élève fait surtout les courses, le nettoyage de l'atelier ou alors, quand il peut manier l'ébauchoir, c'est pour produire de la mièvrerie et répéter sempiternellement les mêmes thèmes, usés jusqu'à la corde Et l'artiste en herbe
se dégoûte de la statuaire. |
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Mais le public n'apprécie
pas. Cruelle désillusion et, pour vivre, l'artiste s'astreint à
des besognes mercantiles ; il se plie aux exigences des marchands, aux
caprices de leur clientèle. 1862 : une éclaircie : Meunier
rencontre Léocadie Gorneaux, une parisienne qui donne des leçons
de piano en Belgique. Ils s'aiment, se marient et une première
naissance s'annonce bientôt. Meunier est heureux, mais tracassé
car le ménage vit dans la gêne. Pour nouer les deux bouts,
il accepte toutes sortes de commandes, en essayant malgré tout
qu'elles ne soient pas trop indignes des ses aspirations. Mais les années
passent et l'amertume grandit. En 1882, Meunier est à Séville, envoyé par le gouvernement belge pour exécuter la copie de " la descente de croix " du flamand espagnolisé Campa?a. Il en profite pour visiter la cité andalouse : les couvents, les églises, les musées, mais c'est l'intérieur d'une fabrique de tabac qui l'impressionne le plus. " Quel tableau à faire, écrit-il à sa femme. Dans d'immenses salles voûtées, dans des pénombres chaudes où viennent de temps en temps éclater des rayons de soleil, des milliers de femmes fabriquent cigares et cigarettes. Leurs têtes chaudes de couleur avec leurs mouchoirs rouges, oranges forment des colorations à se mettre à genoux ! La plupart de ces femmes sont laides, tannées, mais elles ont un caractère étrange, sauvage ! " [...] |
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La mémoire de nos rues |
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Il est un tout petit
bout de rue perdu dans la cité du Carnois, reliant la rue du Cron
Ry à la rue Berthe Dubail (cf. Par Mont et Par vaux n° 4) qui
de prime abord rappellerait le souvenir d'un potier prénommé
Eugène. Une figure locale, peut-être ! Mais qui donc était
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Pendant les guerres
de la Révolution et de l'Empire, la France a tenté d'imposer
son modèle et ses institutions à une partie importante de
l'Europe ; mais la volonté initiale d'apporter la liberté
aux " peuples opprimés " s'est vite transformée
en conquêtes et en annexions, le " droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes " apparaissant alors comme une formule
bien vaine... La France perd son Empire en 1815 avec la défaite
de Napoléon Bonaparte à la célèbre bataille
de Waterloo, mais ne recouvre pas pour autant liberté et démocratie.
La monarchie est restaurée avec Louis XVIII. |
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Sous ces différents
régimes, le recours aux citoyens n'a guère été
pratiqué. Peut-être est-ce cela qui incita Eugène
Pottier à participer activement à la création de
la chambre syndicale des dessinateurs qui adhère ensuite à
l'Internationale. Cependant, derrière l'instabilité politique
s'opèrent des changements de fond à travers lesquels se
construit la France moderne. Ils sont d'abord d'ordre territorial et administratif.
En 1789, l'unité administrative de la France était inachevée. [...] |
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Quiconque rentrait dans le village par "Tragnière" au début du siècle passé le faisait par la rue du Béguinage. Vers 1939, le même axe portait cette fois le nom que nous connaissons actuellement, c’est à dire la rue Matteotti. Était-ce moins noble d’évoquer l’éventuelle existence d’un lieu consacré à la prière ? ou alors il existait trop d’axes le rappelant ? Peut-être un caprice de la majorité de l’époque ? Absolument pas ! Mais alors pourquoi ce changement qui de prime abord ne s’avérait pas nécessaire ? Et pourquoi un personnage italien ? Mais qui donc était... Giacomo Matteotti ? |
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Au moment où l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie traversa l'Europe comme un éclair en la précipitant dans l'effroyable carnage de 1914-1918, l’Italie, à peine sortie de la guerre de colonisation de la Libye, se trouvait en pleine crise politique et sociale due au grave mécontentement qui étreignait depuis des années les masses travailleuses de la péninsule, à cause surtout de la corruption des classes dirigeantes italiennes et de leur impuissance à résoudre les problèmes posés par l'histoire. Les frustrations de la guerre En 1914, le royaume d’Italie, reste d’abord hors de la guerre. Lorsque celle-ci s'étend à l'Europe, Mussolini engage soudain son journal pour l’entrée en guerre aux côtés de la France. Il dénonce les vrais buts impérialistes de la guerre et il invite le prolétariat à ne pas tomber dans le filet que lui tendent les compères réactionnaires et conservateurs pour l'entraîner dans le massacre pour leurs louches intérêts de classe. Exclu du parti socialiste, il passe dans le camp des « interventionnistes », fonde lePopolo d’Italia qui |
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milite pour une guerre rédemptrice qui doit régénérer l'Italie. En 1915, l’Italie déclare la guerre à l’Autriche mais le front des Alpes est difficilement tenable et Venise est menacée (défaite de Caporetto, 1917). Cependant, au prix de souffrances inouïes, l’armée italienne remporte la victoire de Vittorio Veneto, qui précipite la défaite et l’éclatement de l’Autriche-Hongrie (octobre 1918). Aux traités de 1919-20, l’Italie repousse sa frontière jusqu’aux Alpes du Tyrol, mais la côte dalmate, qu’elle considère comme italienne, est donnée à la Serbie pour former un nouvel état : la Yougoslavie. L’opinion italienne est déçue : « tous ces sacrifices pour rien… » : c'est la thématique de la « victoire mutilée ». Les conflits sociaux d'après-guerre La guerre n'a résolu aucun des problèmes devant lesquels se trouvait déjà quatre ans auparavant l'Italie. Elle les a tous aggravés, en y ajoutant d'autres encore plus graves et plus épineux : - Le Nord-est industriel a souffert de la guerre, les destructions sont nombreuses ; l'endettement et l'inflation sont particulièrement élevés. - La population voit son pouvoir d'achat s'effondrer et le chômage progresser. Les paysans attendent la réforme agraire. Le gouvernement est incapable de prendre la moindre réforme et en 1919, les usines sont occupées et les paysans se partagent les terres des grands propriétaires. - Les Italiens sont déçus par les conclusions de la guerre, car ils ne reçoivent pas les territoires promis par les Alliés. Les mouvements nationalistes et extrémistes prennent de l'ampleur tandis que les partis traditionnels ne peuvent s'entendre. En janvier 1919 la donne politique italienne change très vite: don Luigi Sturzo (prêtre sicilien) fonde un nouveau parti démocrate chrétien (Parti Populaire Italien) qui fait concurrence aux idées socialistes et prospère à grande vitesse, les anciens combattants créent un peu partout des associations d'arditi1 sans rapport avec Mussolini et l'homme fort de l'idéologie nationaliste est le poète et ancien combattant d'Annunzio, héros national. Aussi la confiance à Mussolini est-elle extrêmement réduite dans la population, bien que dans son journal il parle "d'humiliation" et réclame l'annexion de Fiume et de la Dalmatie. Le 23 mars, entouré d'une centaine de personnes il crée à Milan le premier groupuscule "fasci italiano di combatimento". Ce nouveau mouvement est hétérogène, d'ailleurs Mussolini le proclame avec fierté: "nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, d'être conservateurs et progressistes, d'être révolutionnaires et conservateurs, d'être légalistes et illégaux à la fois, suivant les circonstances, le temps et le lieu où nous sommes contraints d'agir". Dès sa création ses membres adoptent la chemise noire comme uniforme. Les socialistes sont, semble-t-il, parmi les premiers à donner une (peut-être trop grande) importance à ce nouveau mouvement dont l'impact est alors très modeste et, indirectement, le médiatisent rapidement. En effet, le 15 avril 1919 ils se dirigent en force (20 000 personnes) vers son siège qui est aussi celui du journal "il popolo d'Italia" dans le but proclamé d'y mettre le feu et de pendre Mussolini. Quelques fascistes, armés, foncent sur le cortège et le dispersent. Puis, en représailles, ils vont mettre le feu au siège du journal socialiste "Avanti". La police n'intervient pas. La manière forte, même avec peu d'individus, vient de montrer son efficacité. L'ère fasciste
Une insurrection pour rireMussolini charge De Bono, vieux général, De Vecchi propriétaire piemontais et Balbo, jeune Squadrista2, de mener la marche sur Rome. Celle-ci débute le 27 à 23 h certaines villes sont occupées sans grandes difficultés. Les autorités militaires collaborent ouvertement avec les chemises noires. Malgré les faibles résistances, les fascistes contrôlent les points stratégiques. Les jeunes gens, les casques peints en rouge, une tête de mort brodée sur leur chemise noire, le poignard à la ceinture, chantent sous la pluie.Car il pleut à verse : c’est l’octobre de l’Italie centrale avec ses ciels pris par les orages méditerranéens, jetant en quelques heures sur les cyprès pliant sous les tornades la pluie d’une année. Les Squadre marchent sur le sol trempé, tentant de protéger leurs fusils ; les gagliardetti 3 imbibés d’eau retombent pauvrement le long des hampes ruisselantes. Combien d’hommes représentent à ce moment l’armée fasciste ? Les recherches précises donnent … 5000 hommes ! Bientôt ils seront 25 000 mais mal armés, trempés jusqu’aux os, et surtout bloqués sans réaction par les autorités militaires : 400 carabiniers et deux interruption ferroviaires ont suffi : et les Squadre qui comptait arriver à Rome par le train s’égaillent bien vite à la recherche d’abris contre la pluie. La faillite militaire de la Marche sur Rome est évidente quand leur parvient la nouvelle que le gouvernement – démissionnaire depuis le 27 – a déclaré l’État de siège. Mais coup de théâtre : le roi Victor-Emmanuel III refuse de signer le décret d’état de siège qu’il a pourtant conseillé et fait de Mussolini le chef du gouvernement. Mussolini se veut rassurant et coopère de bonne grâce avec les parlementaires, mais en 1924, il modifie la loi électorale permettant au parti fasciste d'emporter la victoire. Durant ces élections, un député socialiste, Giacomo Matteotti, dénonça les méthodes, violentes et malhonnêtes, des fascistes. Il était alors président du Conseil italien4. Le 30 mai 1924, il réclama l’annulation des élections et promit d’apporter de nouvelles preuves des malversations fascistes durant les élections. Le 10 juin au matin, Le député Matteotti quitte son domicile pour se rendre, à pied, au Parlement. Il n’y arrivera jamais. En effet, Matteotti a bien quitté le 40 rue Pisanelli pour gagner Montecitorio. Le policier qui assure habituellement sa filature et sa protection ne le suit pas ce jour-là. Le quai le long du Tibre est désert, une Lancia portant le numéro 55-12169 stationne. Quand Matteotti arrive à sa hauteur des hommes ouvrent les portières, bondissent sur le député. Il se débat, tente de fuir, est poursuivi [...] |
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